-Waaagh! Bharak (2)

Publié le par destroyer62


Chapitre V – Plumes de l'Enfer


« On dirait… de la peinture bleue !? »

Le commissaire continuait, bouche-bée, d'examiner la curieuse substance qu'il avait sur les mains. Tout autour, les soldats regardaient le ciel, essayant de déterminer l'origine de ce bombardement singulier.
« P'tain mais c'est quoi ces bestioles qui nous chient d'ssus ? » s'écrièrent plusieurs d'entre eux.

Yental reprit rapidement ses esprits. Ici et là, d'autres bombes éclataient encore sur le sol. Le commissaire courut vers le poste radio, tandis que partout dans l'immense camp, les soldats s'excitaient, entre rire et tension. Il entra dans la tente où travaillait l'officier-radio, face à son imposant matériel de transmission.
« Commissaire, les hommes du Lieutenant-Colonel Enris signalent également des projectiles de ce genre. Tout le secteur est touché...»
« Bon sang, mais que se passe-t-il donc ici ? »

Dehors, des cris de surprise et de terreur semblèrent répondre à sa question. Yental se précipita hors de la tente. A l'extérieur, au sein même du camp, d'étranges et imposantes créatures s'attaquaient aux soldats. Les balles sifflaient sous une pluie de plumes rouges. Quelques instants suffirent pour que, dans la confusion la plus totale, la couleur de sang se mêle au bleu précédemment déposé...

Les soldats semblaient dépassés. Nombre d'entre eux avaient déjà été dévorés par ces énormes bêtes atteintes de folie carnivore. Certains tombaient, frappés par une malheureuse balle perdue. Yental voyait, ahuri, l'effondrement de l'armée dont il était responsable. Il prit un fusil des mains d'un cadavre, et visa la créature la plus proche. Il se concentra quelques secondes dans la panique ambiante, avant de tirer avec calme. La bête rouge vacilla, et tomba lourdement sur le flanc. Mais il restait encore au moins deux dizaines de tels monstres dans le camp, et d'autres tombaient encore du ciel en volant. Le commissaire hurla des ordres, repris par les officiers :
« Repliez-vous contre les murs autour du camp ! »

Les centaines de soldats coururent vers l'extérieur du camp, poursuivis par les bêtes hostiles, tandis que des gardes escaladaient les tourelles de défense. Yental se précipitait également, le dos courbé pour tenter d'éviter les balles qui fusaient. Il releva un jeune soldat, qui était tombé dans la boue durant sa fuite. « Viens, garçon, ne traînons pas ici. »

Déjà, la majorité des gardes impériaux s'appuyait contre les hautes dalles de béton qui entouraient le camp. Tous firent feu sur les terrifiantes créatures qui s'avançaient vers eux. Les corps rouges s'effondrèrent sur la terre. De lourds tanks balayaient avec violence les monstres qui survivaient encore. Mais la confusion ne faiblissait pas. Le commissaire Yental cria : « Cessez donc de tirer ! » Cette sommation fut reprise par les officiers, et communiquée tout autour de l'enceinte. Le danger était désormais écarté, et le silence envahit les environs...

Le vent soufflait au-dessus des collines, aux contours illuminés par les faibles lueurs de l'aurore. Dans la plaine, les soldats portaient des blessés, des morts. Quelques escouades avaient été envoyées en-dehors du camp pour éliminer les dernières « Plumes de l'Enfer », comme Yental commençait à les appeler.
Le commissaire, les courts cheveux salis par le sang, marchait maladroitement à travers le camp. Il s'attachait à réunir les membres de chaque escouade. De nombreux hommes manquaient à l'appel, et il fallait toujours un moment avant de pouvoir les identifier parmi les cadavres.

Un soldat vint au rapport. « Commissaire, nous avons dénombré environ trois cents morts... pour l'instant. Les infirmiers ont cinquante-sept blessés sur les bras. Et trois chars Leman Russ ont été détruits par nos propres tirs. »
« Mmmh, bien... Et avons-nous des nouvelles du lieutenant-colonel Enris ? »
« Je vais me renseigner, commissaire. » Le jeune homme fit un timide salut militaire, avant de courir vers les tentes.

Yental décida de venir lui-même aux nouvelles au poste radio.
« Commissaire, nous avons reçu un message du reste du régiment. »

Destinataire Commissaire G. Yental, Expéditeur Lieutenant-Colonel L. Enris :
Nous avons été attaqués par créatures carnivores cette nuit. Pertes sévères. Bilan transmis à Vondalus.
Vos ordres sont inchangés. Nous nous retrouverons ce soir. Arrivée des autres régiments prévue ce matin. Terminé.

Le commissaire lut le communiqué avec attention, puis écrivit énergiquement sur un bout de papier, qu'il tendit tristement à l'officier-radio : « Sergent, faites envoyer ceci au poste d'Enris. Il s'agit du bilan humain de cette nuit... Puis annoncez à la base que nous nous préparons au départ.»

Une fois le camp entièrement nettoyé, les soldats chargèrent tout le matériel dans les tanks de transport. Les structures furent démontées, les tentes enroulées. Yental parcourut les troupes, remontant le moral des hommes : « Ne vous découragez pas, et oubliez les évènements de cette nuit. Bientôt, vous pourrez prouver votre valeur au combat. »

Au loin, dans le ciel, des vaisseaux de débarquement plongeaient vers les plaines voisines, dont les coordonnées avaient été transmises par les troupes au sol. Les régiments de diverses planètes du secteur venaient participer à la guerre contre les infâmes orks...


Chapitre VI – Frappe Impériale

A la fin de la journée, au milieu de la prairie verdoyante où se rencontrèrent les deux armées, le Commissaire Yental serra la main de son ami Enris.
« Le 4e régiment de Bultarn est désormais réuni, plus tôt que prévu initialement. » déclara le fier Lieutenant-Colonel. « Mais il n'est pas préparé au combat. Certains de mes hommes ont été gravement choqués par le massacre de la nuit dernière. »
« N'ayez crainte, je parlerai aux soldats ce soir. » Yental souleva sa casquette, et se gratta le crâne, nerveux.
« Bien. Vondalus nous ordonne de lancer l'attaque demain, à l'aube. »

Les deux personnages se retirèrent dans la tente de commandement, nouvellement installée. Ils retrouvèrent les officiers supérieurs du régiment, afin d'établir la stratégie à suivre.
« La base ork est à deux kilomètres au nord, selon les éclaireurs. » commença Enris. « Les ennemis semblent plus nombreux que ne l'avaient indiqué le Departemento Munitorium. Mais il n'est pas question de modifier les plans préparés par les colonels. »
« Nous commencerons donc par bombarder massivement, comme prévu ? » demanda l'un des capitaines.
« Parfaitement, Capitaine Elkeban. Une colline près de la cité ork nous offrira un important couvert. L'artillerie frappera avant que les Orks aient compris ce qui leur arrive ! » Le lieutenant-colonel ricana.
« Qu'en est-il des autres régiments ? » l'interrogea Yental.
« Le 5ème de Delrian et le 7ème de Telk attaqueront par le Nord. Le 6ème de Feldor par l'Ouest. Au total, environ douze-mille soldats impériaux seront sur place demain... »


Rien ne vint perturber la nuit, sinon que quelques soldats furent écartés du conflit. Au lever du jour, les gardes impériaux grimpèrent la colline nord. Au sommet, le commissaire Yental observa l'immense citadelle goff de Krak-Terak, qui s'étendait sur des kilomètres vers l'horizon, jusqu'aux prochaines collines. D'immenses tours de bois pointaient vers le ciel, et partout des cheminées de pierre rejetaient d'épaisses vapeurs noires. Au coeur de cet amas de bâtisses, s'élevait une tour gigantesque, immense pyramide de sombres entrepôts.
Un soldat, reniflant péniblement, remarqua :« Hum... Qu'est-ce que ça pue ici. »
« Oui, ça sent l'Ork. » répondit Yental, près de lui.

Les canons furent installés sur la colline. En contrebas, à l'abri, les Basiliks entamèrent leur bruyante symphonie. L'immense orgue de tonnerre cracha les flammes, sur un rythme repris par les obusiers. Les longs tubes soufflèrent, les projectiles sifflèrent, et sonnèrent dans une explosion fracassante. Les larges mais fragiles bâtiments orks s'effondrèrent.
Il ne fallut pas longtemps pour qu'il ne reste plus de la cité qu'un vaste champ de ruines fumantes. Seule au centre, surplombait encore l'immense et large tour-forteresse.

La contre-attaque verte ne tarda pas non plus. Yental leva la tête. Des fusées traversèrent le ciel, et tombèrent sur eux. « Des chokboyz ! » Le commissaire écarta sa longue veste, et sortit une longue épée tronçonneuse dorée. « Ils peuvent venir... », pensa-t-il.

Un ork tomba sur lui en gueulant, et fut projeté violemment par la lame, tournoyant. D'autres s'écrasèrent lourdement sur les premières lignes. Quelques soldats furent assommés, voire pire, mais les orks volants furent sévèrement réprimandés.
Yental observa, grâce à ses jumelles électroniques, les collines de l'autre côté de la citadelle. « Le 5ème régiment de Delrian avance ses bolters lourds. Que l'on fasse de même ! » Le commissaire donna quelques ordres, et courut jusqu'à un officier radio, à qui il donna rapidement un message à transmettre. De retour à son poste, il vit, en bas de la colline, la masse verte se dégageant des ruines. « La horde charge ! Préparez-vous à les recevoir ! »
Les orks grimpaient la colline en vitesse. Leurs cris étaient si puissants qu'ils surpassaient les bruits de l'artillerie, qui les fusillait. Beaucoup des peaux-vertes tombèrent. Certains d'entre eux fuirent, pourchassant les esclaves gretchins pris de panique.

Les orks qui parvinrent au sommet furent fraîchement accueillis par les meilleurs combattants du régiment. Le commissaire Yental en faisait partie. Son épée luisante tournait et tranchait des têtes. Partout, des ennemis tombaient. Des soldats impériaux tombaient aussi, hélas. Mais bientôt, il ne resta plus d'orks sur le sommet de la colline. Le lieutenant-colonel Enris s'approcha du commissaire : « Voilà, nous les avons repoussés ! ».
« Oui, pour l'instant » répondit Yental. « Mais il en reste beaucoup dans la citadelle, ainsi que sur les autres collines, de l'autre côté.» Il laissa passer quelques instants, alors que le silence commençait à s'imposer. « Ce qui m'inquiète encore, c'est la plus grande bâtisse là-bas, que nous n'avons pas encore réussi à... »


Soudain, la tour proprement dite trembla. Ses flans semblèrent basculer, et se soulevèrent, dans un grondement sinistre. Des flots de fumée s'extirpèrent de la construction. Le bâtiment, haut de plusieurs dizaines de mètres, sembla s'animer.

« Que... que se passe-t-il ? » demanda Enris. Il ne comprenait pas ce qui se passait, de même que tous les soldats qui levaient les yeux vers l'impressionnante oeuvre.
Yental, lui, avait déjà vu semblable chose, de nombreuses années plus tôt. « Ce n'est pas une vulgaire forteresse. Nous sommes à l'emplacement d'un chantier. Et voici ce que ces orks ont construit... un Gargant. »

La forteresse mobile se souleva davantage, et dans un vacarme mécanique, fit apparaître ce qui ressemblaient à deux bras, munis de canons télescopiques. Elle pivota sur un large pied, puis sur l'autre pour se déplacer. La terre trembla, et le gargant s'approcha de la colline où étaient postés les soldats du 4ème régiment de Bultarn.
Le commissaire Yental s'écria : « Merde, c'est sur nous qu'il arrive... »

Toute l'artillerie postée autour de la citadelle concentra ses tirs sur l'énorme cible mouvante. Les obus explosaient à de nombreux endroits sur les tôles de la paroi, sans pour autant parvenir à la perforer. Dans le ciel, précédés du bruit de leurs moteurs, des bombardiers impériaux lâchèrent leurs bombes sur le titan ork. Mais déjà ses canons commencèrent la pulvérisation de l'infanterie impériale. Au sommet de la colline, les explosions faisaient voler la terre, l'herbe et les hommes - ou ce qu'il en restait...

Après plusieurs bombardements infructueux, la cabine placée au sommet du Gargant éclata bruyamment, et les gretchins à l'intérieur furent éjectés dans toutes les directions. La forteresse mobile, privée de pilotes, pencha dangereusement, et bascula sur le côté. Aucun mot ne suffirait à décrire la gigantesque déflagration causée par sa chute. Les murs de la citadelle encore debout furent écrasés, ou balayés par le souffle. Des pans entiers de la carcasse métallique furent dispersés un peu partout, alors que le sol tremblait sous les pieds des soldats. Le Gargant se brisa en deux, et toute la vallée s'embrasa...


Le commissaire Yental rêvait. Il évoluait, jeune, parmi les flammes. Face à lui, une jeune fille semblait lui tendre la main. Mais une ombre s'étendit sur elle. Une grande créature apparut. Le bruit venu du ciel plongea l'immeuble dans la poussière, et tout s'écroula...

Yental revint peu à peu à lui. Il était étendu au sol, encore assommé. Il regarda péniblement autour de lui. Toute son unité semblait anéantie, et les cadavres s'accumulaient en haut de la colline. Le commissaire se releva lentement. Le titan était étendu en contrebas, mais les combats continuaient. A travers la fumée, de l'autre côté des ruines, les régiments de la Garde affrontaient encore de nombreuses bandes orks.
Il avança en boitant, et chercha des survivants parmi les nombreux corps. Il n'en restait que très peu. Son régiment avait été décimé. Derrière lui, les tanks Leman Russ étaient détruits, et fumaient. Les armes lourdes étaient en pièces. Après avoir réuni une trentaine d'hommes, Yental décida de marcher vers les ruines. « Ne restons pas ici. Nous sommes trop exposés. »

Le groupe parvint jusqu'aux ruines rapidement, marchant entre les cadavres de peaux-vertes et les débris de dreadnoughts. Ils contournèrent l'épave du Gargant, qui brûlait encore, et débarquèrent sur ce qui restait d'une sorte de place. Au centre, le lieutenant-colonel Enris, accompagné de quelques soldats, faisait face à un imposant et sombre ork, enchâssé dans une lourde armure. « Leur chef ! », pensa le commissaire. Les échos renvoyaient jusqu'à lui la conversation qui avait lieu là-bas.

« J'sui Zuk Baltrink, big boss dé Goff d'issi. E j'vou z'aim pâ, sal zom' ! » semblait dire l'ork.
« Ravale ta verte salive, vermine. L'Imperium méprise les xénos dans ton genre ! Tu vas mourir aujourd'hui, ork ! »

L'échange de coups s'engagea. Enris esquiva un coup de griffe énergétique, et contre-attaqua avec son propre gantelet. Le commissaire Yental courait vers le lieu du combat. « Pourvu que j'arrive à temps... »
Le gantelet impérial percuta le blindage métallique, mais le poing de l'ork s'effondra sur la tête de l'officier, accompagné de décharges électriques. Enris tomba à terre, sous les yeux des soldats, hallucinés. Le chef ork ricana, et avança vers les hommes.
Yental apparut face à la créature. « Ork, tu vas effectivement mourir aujourd'hui. » Surpris, le chef ork courut vers lui et abattit lourdement ses griffes sur le sol. Le valeureux commissaire plongea sa main vers l'armure de son ennemi, et prit la fuite, précédé des autres gardes, qui portaient le corps d'Enris.

Zuk Baltrink ne comprit pas tout de suite la raison de cette dérobade. Il était trop lent pour leur courir après. Soudain, un bip sonore retentissant au sein de sa propre méga-armure, il baissa les yeux. Le commissaire impérial venait de déposer une grenade entre deux plaques de métal. Il était impossible pour lui de l'atteindre avec ses bras mécaniques. Seul, au milieu de la grande place, il entendit la grenade sonner encore.

Puis, il n'entendit plus rien, et n'eut plus conscience de quoi que ce soit.


Chapitre VII – Résistance

« La situation est catastrophique ici, Colonel. Notre régiment a été violemment anéanti, et le lieutenant-colonel Enris est mort. J'ai donc pris l'initiative de nommer le capitaine Elkeban chef des opérations sur le terrain. Nous allons former une coalition avec les autres régiments, car tous ont subi de lourdes pertes. »
« Entendu, Commissaire. » dit le colonel Vondalus à la radio. « Qu'en est-il de ces xénos ? »
« Leur chef est mort. » répondit Yental. Il laissa passer un court instant. « Mais un nombre non négligeable d'entre eux a pris la fuite. Ils se sont échappés vers l'Est, et sans doute se sont-ils réfugiés dans la Jungle. »
« Pourchassez-les ! »
« Hmm. Vous oubliez les bêtes rouges. C'est dans la forêt qu'elles semblent se cacher. Rappelez-vous les dires du sergent Guldt... »
« Je me fiche de ce qu'a pu raconter cet incapable ! » s'exclama Vondalus. « Il faut nettoyer la région au plus vite. L'Administratum désire coloniser cette planète dès que possible.»
« Entendu. »

La liaison radiophonique s'interrompit. Le commissaire Yental reposa le micro sur le poste, et remit sa casquette. Il soupira, puis rejoignit les officiers parmi les ruines. « Bon, formez plusieurs groupes. Il reste des ennemis à chasser. »

............

Gwerig renifla longuement. « Y'a kek'choz' ki fum... » Une épaisse fumée noire s'élevait au Nord-Ouest. Le chef Koud'Boul ignorait ce qu'il se passait, une fois de plus. Durant toute la journée, le vent avait porté jusqu'au camp les bruits d'une lointaine bataille.

Témordak approcha, suivi de quelques boyz : « Boss, r'gardé s'kon a trouvé dan la foré... » Derrière, une vingtaine d'orks étaient enchaînés. « Des Goffs ! » s'écria Azug Gwerig, satisfait. Il entama un petit interrogatoire :
« Vou fêt koi sur mon téritoir' ? E où k'il é vot' boss Baltrink ? »
L'un des Goff prit la parole : « Il é mor' à koz' d'in n'hom. Lé z'om on ataké not' baz' ! »
« Baltrink é mor ? » Gwerig hurla de rage. Il ne pourrait pas tuer son ennemi lui-même. Il frappa son pied sur le sol durant quelques instants, puis demanda : « Cé koi dé z'om ? »
« Cé dé po-roz'. Y son tou mou. Mé il z'on dé z'arm ki fon mal... »

Gwerig cria de nouveau, et trancha la tête de son interlocuteur, pour apaiser sa colère.
Bien vite, d'autres prisonniers goffs apparurent dans la citadelle Koud'Boul. Tous fuyaient les « z'om », race que Gwerig ne connaissait pas très bien. Mais il ne tarderait pas à les rencontrer...

............

Le lieutenant-colonel Elkeban suait, marchant lentement au coeur de la grande jungle. Cela faisait maintenant sept heures que lui et tous ses hommes évoluaient vers le sud, parmi les arbres. Chaque escouade avançait avec précaution. Elkeban, commandant de la coalition nouvellement formée, était en liaison radio constante avec le reste de l'armée. Il reçut un message d'un groupe d'éclaireurs, placé en avant : « Allô, colonel Elkeban, ici le sergent Reinarht. Nous avons localisé un grand campement ork, semble-t-il. A cinq kilomètres au sud, sud-est. »
Il souleva sa capuche couleur camouflage, puis essuya son front trempé. Il souffla.
« Entendu, sergent. Attendez mes ordres. »

« Kes'ke cé k'sa ? »

A l'entrée de sa cité, sur la principale passerelle d'accès, Gwerig vit avancer lentement une étrange machine, une cabine dotée de deux pattes mécaniques. Caché derrière les défenses, installées trois jours plus tôt, le chef Koud'Boul ordonna le tir des kanons. La sentinelle impériale explosa violemment.
Derrière elle, des centaines de soldats, habillés de vert, apparurent prudemment, tout en tirant. Les guerriers orks sautèrent par-dessus les barricades, pour charger avec fureur les assaillants. Le premier, Azug Gwerig, courut en gueulant, sur ces nouveaux ennemis. Il bondit sur des gardes impériaux apeurés, et s'amusa à trancher des têtes avec toute la puissance que lui permettait sa lourde hache motorisée. Derrière lui, des orks chevauchaient les créatures rouges tant craintes par leurs ennemis. Munis de pistolets à peinture, ils arrosèrent de bleu les soldats, attirant la folie carnivore des kaborz. Ainsi commença le carnage...


Bien vite, des cadavres s'accumulèrent dans les deux camps. Le premier affrontement sanglant laissa place à de petits combats, dispersés dans la cité. Ici et là, des soldats escaladaient des huttes, pour prendre position dans des endroits sûrs. Par groupe de deux ou trois, certains affrontaient des kaborz. Des esclaves gretchins lâchaient des cailloux du haut des arbres, pour tenter d'assommer les impériaux. D'autres catapultaient des boules de métal compressé, qui, en roulant, renversaient orks et humains. Au milieu des plus grandes plate-formes encore en état, les grands orks affrontaient de valeureux hommes au corps-à-corps.

Au sol, alors que la bataille semblait se calmer, Azug Gwerig regarda amèrement autour de lui. Les membres de son clan étaient tombés les uns après les autres, et sa cité était détruite. Il contourna les débris pour rejoindre Témordak Koup'Hadak, occupé à assommer ses suivants gretchins. Ils remontèrent ensemble aux niveaux supérieurs, où des grots et des fuyards tentaient de rejoindre l'issue la plus proche. De nombreux Goffs s'échappaient également.
« Où allé vou komm' sa ? » hurla Gwerig.
Un Goff s'avança vers lui pour répondre : « Nou parton ché lé z'ork du Bharak ! »
« Leu Bharak ? Cé koi ? »
« Cé là ke son kaché plin d'ork kom nou. Avek eu, on pourra pété la gueul' o z'om ! »

Attiré par cette idée, Gwerig rassembla les derniers survivants qu'il put trouver, et prit lui aussi la route vers cette destination inconnue.


Au coeur des ruines de la citadelle forestière, le lieutenant-colonel Elkeban s'assit un moment, au milieu des soldats qui sécurisaient définitivement la zone. Il observa longuement sa jambe, qui le faisait souffrir. « Saleté d'orks ! »
Un garde lui apporta un appareil radio. « Allô, Commissaire Yental ? Mission accomplie. Les xénos s'étaient réfugiés dans un immense camp. Nous les avons éliminé, mais vous aviez raison : c'était folie de venir dans cette jungle, car presque tous nos hommes sont morts... »

A de nombreux kilomètres au nord-ouest, Yental répondit : « Bien reçu. Je vais en faire part au haut-commandement. Nous allons patrouiller dans toute la région pour vérifier qu'il ne reste pas d'orks, puis nous nous préparerons à recevoir les installations civiles. Terminé. »

Le commissaire reposa l'écouteur sur la table devant lui, puis sortit de la tente. Il leva les yeux vers le ciel, et sourit. La campagne semblait terminée, malgré de nombreuses pertes.
Pourtant, la race ork était difficile à éradiquer. Il ne le savait que trop bien. Yental plissa les yeux et se frotta le crâne. Ce n'était pas encore fini...


Chapitre VIII – L'Exode

Il rêvait. Le jeune Yental marchait sur le toit d'un bâtiment en feu. Face à lui, une jeune fille semblait lui tendre la main. C'était sa soeur. Elle s'accrochait au bord, prête à tomber dans les flammes. Une grande créature apparut. Un ork. Yental prit peur et s'enfuit. Il aurait pu la sauver. Mais l'ork abattit sa lame sur la fillette, alors que d'autres envahissaient le toit. Tandis que le jeune homme courait, les bombardiers grondèrent dans le ciel, et l'immeuble fut plongé dans la poussière.

Il aurait pu la sauver...

« Commissaire, réveillez-vous. »
Yental reprit conscience. Face à lui, le lieutenant-colonel Elkeban souriait. « Vous avez encore fait un cauchemar, on dirait. »

Plus de deux semaines s'étaient écoulées depuis la bataille de Krak-Terak, et la destruction de la citadelle Goff. Les officiers étaient dans la navette qui les ramenaient pour la première fois au Quartier Général.

« Ouais, encore ces lointains souvenirs qui hantent mes rêves. » répondit le commissaire. « Cela fait plusieurs jours, maintenant. Ils semblent apparaître de plus en plus précisément. » Las, il se leva sur son siège, et bâilla.
Elkeban reprit : « Nous sommes bientôt arrivés. Enfin. Tout semble fini, n'est-ce pas, Yental ? Après tout, nous avons éliminé tous les orks à des centaines de kilomètres à la ronde. »
« Peut-être. Mais nous restons ici pour protéger les installations minères et les bâtiments civils en construction, pour l'instant. Et puis, le reste du secteur est plutôt tranquille... »

La navette de transport survola la grande plaine où les troupes du régiment de Bultarn avaient débarqué trois semaines plus tôt. Depuis, un astroport avait été construit. Plus loin, d'immenses grues s'occupaient à monter des bâtiments de toutes sortes.

« Putain de colonisation... » grogna le commissaire Yental, voyant la ville naissante à travers le hublot.


..............


Azug Gwerig pesta. Ces foutus grots traînaient dans ces jambes. La hache tomba lourdement, accompagné d'un cri aigu. Au moins, l'un d'eux ne le gênerait plus.

Cela faisait maintenant des jours et des jours que la bande ork marchait, depuis son départ précipité de la citadelle forestière Koud'Boul. Gwerig se laissait guider par un vieux Goff, et cela ne lui plaisait guère. Mais il était le seul à connaître le chemin...

Jusque là, le voyage s'était fait sans aucun incident. Ils avaient été rejoints par des Snakebites, dans la jungle. Puis, ils avaient convaincu une tribu Bad Moon de les accompagner. Pour cela, Gwerig avait dû tuer leur chef. Ils étaient désormais plus d'une centaine d'orks à traverser prés, jungles et marais vers le mystérieux « Bharak ».

Ils voyageaient surtout dans la forêt, la nuit, évitant ainsi les observations aériennes ennemies. Les différentes tribus tentaient de cohabiter, mais ce n'était pas facile. Des combats avaient eu lieu fréquemment durant le périple. La bande ork laissait beaucoup d'empreintes de pas derrière eux, mais aussi un certain nombre de cadavres. Des traqueurs humains n'auraient eu aucun mal à les repérer. Par chance, ceux-ci étaient trop peu nombreux sur la planète pour assurer une surveillance suffisante.

Pourtant, Témordak Koup'Hadak faisait parfois preuve d'initiative en camouflant les esclaves ou les orks morts. Azug Gwerig, le chef Koud'Boul, qui dirigeait toute la bande, ne voyait pas toujours cela d'un bon oeil. Témordak devenait chaque jour plus efficace, plus autoritaire. Un jour, il le provoquerait en duel pour accéder au rang de chef. Gwerig serait obligé de le tuer avant...


La horde parvint à la lisière de la jungle. Face à eux, le sol s'enfonçait profondément, formant un large fossé. Au fond, à une dizaine de mètres, une rivière coulait vivement, éclaboussant les rochers. De l'autre côté du cours d'eau, les rochers s'étendaient. Le terrain s'élevait et devenait montagneux. A quelques kilomètres, les orks virent, accroché sur un large plateau, une gigantesque construction, qui s'étendait jusqu'à l'horizon. Il s'agissait d'un immense entassement de tôles, de béton et de rochers, en partie recouvert d'arbres, dont certains atteignaient les nuages. Gwerig n'avait jamais vu bâtisse d'une pareille grandeur.

Face à l'admiration de tous les orks, le vieux Goff s'avança vers la rivière, levant les yeux vers le ciel.
« V'la l'Bharak... »


............

« Des orks...»

Le colonel Vondalus observa le rapport que venait de lui remettre un jeune officier de la flotte impériale. Face à lui, le commissaire Yental venait de terminer son propre compte-rendu, et s'apprêtait à quitter le bureau. Mais la phrase du colonel le retint : « Qu'avez-vous dit ? »

« Oh... Rien de grave, je pense. Ce matin, j'ai ordonné une observation spatiale des lointaines contrées abandonnées, à l'Est. Voici le premier rapport, qui fait mention de plusieurs groupes d'orks progressant vers un petit massif montagneux. »
« Faites voir. » demanda froidement le commissaire. Il lut le dossier, et regarda attentivement les photos fournies.
« Ils ne sont pas si nombreux, et à une longue distance d'ici. Nous les écraserons en temps voulu. » rassura Vondalus. Il sourit, et tira un tiroir de son bureau, pour y prendre un petit flacon.

Yental jeta les photos sur le meuble, et se leva en râlant. « Ce n'est pas un massif montagneux... »


Chapitre IX – Waaagh !

Après que la bande d'orks eut traversé la rivière sur un pont, ils grimpèrent, durant quelques heures, vers l'entrée du Bharak. Ils firent face à une très haute et épaisse paroi métallique, qui avait visiblement été rafistolée récemment, à en croire les nombreux rajouts de tôles soudées. Au milieu, était creusée une large ouverture, gardée par quatre orks. Ceux-ci ne tardèrent pas interroger les visiteurs :
« Ki vou z'êt, vou ? »
Evidemment, Gwerig était le brillant porte-parole des nouveaux venus : « On vien au Bharak pas'ke lé z'om nou z'emmerd' é on veu leur kassé la gueul ! »

Après cela, tous furent introduits dans les entrailles du Bharak. A l'intérieur, ils suivirent de longs et sombres couloirs, éclairés seulement par la lueur de torches. Des ouvriers gretchins couraient dans tous les sens. Dans certaines salles, de nombreux orks faisaient couler du métal fondu, fabriquaient des armes et des machines de toutes sortes. Gwerig admira toute cette agitation productive.
Toujours accompagné d'un guide, la bande de voyageurs s'enfoncèrent plus profondément sous terre. Ils franchirent bientôt la paroi inférieure du Bharak, pour débarquer dans une immense caverne souterraine.

La grotte s'étendait sur des kilomètres. Il s'agissait en fait d'une petite vallée. Le Bharak semblait reposer sur les montagnes environnantes, formant un plafond métallique titanesque. De l'autre côté de la cave, seul un trou, large de plusieurs centaines de mètres, laissait passer la lumière du soleil.
Dans cette colossale ville souterraine, des dizaines de milliers d'orks s'affairaient. Les ouvriers déplaçaient des tanks, de grandes roues, des canons. Au centre, par une large ouverture dans la coque du Bharak, on remontait un gargant, remarquable machine de destruction.

Les orks préparaient patiemment une guerre. Azug Gwerig resta stupéfait, de même que tous ses compagnons, car jamais ils n'avaient pu imaginer pareil scène.

On les fit descendre jusqu'au fond de la caverne. Là, un immense ork s'approcha d'eux. Il semblait très puissant et âgé. Il observa ces « invités » en grondant. Son regard s'arrêta sur Gwerig, et il devina son statut de chef.
« J'sui l'ségneur du Bharak, Zark Graknik ! E toi t'a intéré à pâ me fér chié ! Pourkoi vou z'êtes venus ? »
Gwerig s'empressa de répondre : « J'sui Azug Gwerig, l'big boss dé Koud'Boul. J'vien pour vou dire k'il fodré botté l'ku o z'om vit'fé ! »
« Lé z'om ? » Le seigneur local racla sa gorge.
« Avek dé z'arme, dé machine' ! »
Graknik grogna, songeur. Il attrapa une mouche qui tournait autour de lui. « Oué, on va leur foutr'une branlée ! »
Gwerig fut ravi, et demanda une force armée à diriger.
Graknik, le chef du Bharak, frappa le sol du pied, et cracha aux pieds de Gwerig. Ce dernier prit cela comme une insulte, et dégaina sa hâche tronçonneuse en hurlant...

..........

« Les chasseurs aériens sont revenus. » déclara lentement le colonel. « Vous aviez raison, Yental. Il s'agit bien d'une sorte d'immense épave. Un vaisseau abandonné, certainement, qui s'est écrasé sur cette planète, il y a longtemps. »
« Oui. Un Space Hulk. » Le commissaire Yental fumait lentement un vieux cigare, assis devant Vondalus.
« Hum... Je vais devoir en informer l'Administratum. Il nous faut des renforts, si vous pensez que des tas d'orks vivent là-dedans. Et nous allons sûrement avoir l'Ordo Xénos sur le dos, à présent... » Le colonel Vondalus soupira.
Yental se leva. « Il ne faut pas attendre. Il faut envoyer une expédition dès maintenant, dans le but de détruire ce vaisseau et tout ce qu'il contient ! Imaginez que les orks le remettent en état... »
« Désolé, Yental. Cette affaire échappe à notre contrôle. Que voulez-vous faire... Nous sommes trop peu nombreux. Non, il faut donner l'alerte et attendre les renforts. »
« Mais...»
« Commissaire... » coupa Vondalus. « Je sais bien toute la haine que vous ressentez envers ces extraterrestres. Après tout, ils ont tué votre famille, alors que vous n'étiez qu'un garçon. Mais cessez de vous accrocher au passé... Vous êtes commissaire de la Garde, maintenant ! Et non pas le lâche que vous avez toujours cru être ! »
« Ne me parlez plus de cette histoire. J'ai tourné la page, depuis le temps. »
« En êtes-vous certain, Yental ? »

Le commissaire se leva sans répondre, et se dirigea vers la porte.

« Au fait, comment avez-vous su qu'il s'agissait d'une épave de vaisseau ? » demanda une dernière fois le colonel.
« Je n'en savais rien, Vondalus. Mais lorsque plusieurs bandes d'orks se dirigent vers le même endroit, ce n'est pas par hasard, ni par intérêt stratégique... Je connais les orks mieux que vous, simplement. »

Alors que Yental s'apprêtait à sortir, un secrétaire entra : « Colonel, Commissaire, des masses d'orks sont sorties du vaisseau que nous avions repéré. Ils se dirigent vers l'Ouest... Vers nous. Et ils sont des centaines de milliers... »

.............


Face au maître des lieux, une bagarre sanglante s'était engagée. Gwerig et son compagnon Témordak avaient tué plusieurs guerriers, avant d'être finalement neutralisés. Le reste de la bande était mort. Il faut dire qu'ils étaient des milliers, en face.

Les deux vétérans orks gisaient désormais, enfermés, dans une sombre cellule. Par une mince ouverture, qui donnait sur l'intérieur de la grande caverne principale, Azug Gwerig observait la population ork en mouvement. Depuis leur capture, deux jours plus tôt, des troupes étaient parties de la cité. Le travail semblait plus soutenu. Les esclaves mourraient davantage, et les fouets claquaient sans cesse.

Les orks du Bharak avaient lancé le début d'une large offensive, dont Gwerig avait été le catalyseur. Mais il semblait qu'il ne pourrait même pas en profiter...


Chapitre X – La dernière expédition

Presque deux semaines étaient passées. Un matin, un grot marcha trop près des barreaux de la cellule. Témordak passa le bras et attrapa l'esclave. Après que celui-ci eut hurlé, le gardien des prisons ouvrit la porte de fer, en criant « Hey, rendé l'grot ou... »

Gwerig frappa violemment l'ork et le projeta contre le mur. Témordak n'eut plus qu'à récupérer la clé. Ils sortirent en refermant la porte derrière eux. Les seuls témoins de la scène étaient des gretchins, qui préférèrent passer leur chemin, en promettant d'oublier ce qu'ils avaient vu.

Ainsi, Azug Gwerig et Témordak Koup'Hadak récupérèrent des haches tronçonneuses, et descendirent tranquillement les tunnels vers la grande grotte, avec l'intention de se venger de leur hôte, Zark Graknik.

................


Au Quartier Général, les rapports s'accumulaient sur le bureau du colonel Vondalus. Des responsables administratifs entraient, saluaient, sortaient. La menace ork était chaque jour plus importante. Ils étaient des tas, avec des véhicules, des armes lourdes.

Vondalus attendait toujours les renforts. Les dernières nouvelles remontaient à trois jours, lorsque les régiments annoncés se préparaient à un nouveau saut dans le Warp. Ils n'arriveraient pas à temps. Aussi, les annonces de départ circulèrent dans la ville impériale en construction. Les ouvriers, les techniciens du génie et les ingénieurs se préparaient à évacuer.

Le commissaire Yental, de son côté, échafaudait son plan. Il désirait à tout prix détruire l'épave du Space Hulk. C'est pourquoi il demanda à des spécialistes de l'armement de fabriquer une bombe de destruction à grande échelle. Puis il rassembla des soldats pour accomplir la mission.
Vondalus observait ces préparatifs avec un certain mépris. Pour lui, le projet du commissaire n'avait aucune chance de réussir.
« Yental, vos efforts sont vains... Il faut partir. C'est tout ce qu'il nous reste à faire. »
« Non, Colonel. Notre mission était d'éliminer les orks de cette planète. Tant que nous n'aurons pas exécuté les ordres, nous ne pourrons pas partir d'ici. » répondit calmement Yental.
Vondalus s'énerva : « Rhaa, c'est de la folie ! Foutons le camp d'ici ! Les informations étaient incomplètes depuis le début. Encore une guerre préparée à la va-vite... » Il grommela.

Yental l'ignora, et reprit : « Je dirigerai moi-même l'opération. Le lieutenant-colonel Elkeban sera avec moi, et commandera les forces aériennes chargées de faire diversion. Nous partirons dans une heure. Quant à vous... je pourrais vous tuer pour manque d'esprit combatif. »
Il tourna le dos au colonel et quitta la pièce.

Personne n'avait remarqué les deux orks cherchant leur chemin dans la vaste ville souterraine. Témordak et son chef marchaient à vive allure, explorant les galeries surpeuplées. Contrairement aux autochtones, sous terre, leur sens de l'orientation faisait cruellement défaut. Néanmoins, après des heures, ils parvinrent dans la grotte principale. C'est là qu'ils trouvèrent le seigneur du Bharak, Zark Graknik.

Gwerig approcha discrètement. Dans la foule, il passait presque inaperçu. Lorsque Graknik le vit, un terrible duel s'engagea. Un duel de chefs.
Le boss Koud'Boul esquiva un coup de kikoup, et frappa le crâne blindé de Graknik. Voyant son adversaire étourdi, Gwerig ne relâcha pas son attention, comme il l'avait fait lorsqu'il avait affronté le chef Goff Baltrink, plus d'un an auparavant. Cette fois, il frappa aussitôt de nouveau. La hache s'enfonça dans la poitrine du seigneur, et ce fut la fin de Zark Graknik.

Autour, les milliers d'orks qui avaient stoppé leur activité pour observer l'affrontement, restèrent bouche-bée. Gwerig lança : « Waaaaarrr ! J'sui vot' boss, maint'nant ! J'sui Azug Ub Gwerig, chef dé Koud'Boul é ségneur du Bharak ! »

Dès lors, tous les orks répétèrent son nom. Dans la cité, le mot « Gwerig » circula. Il était désormais le nouveau maître du Bharak. Et tous, dans la cité, parlèrent de lui et de son compagnon Témordak.
La plupart s'en fichait. Les esclaves gretchins ne savaient même pas ce que « boss » ou « chef » pouvait signifier. Pour eux, les orks étaient semblables à tous les autres orks, et leur tapaient dessus quel que soit leur rang.
Certains accueillirent leur nouveau chef avec joie, espérant qu'il ne serait pas un tyran.

D'autres ne ressentirent que mépris envers Azug Gwerig.

.............


« Nous arrivons... »

A bord de la navette de commandement, des officiers préparaient l'assaut, plans à l'appui. Le commissaire Yental observait l'épave par un hublot. Dans la salle de pilotage, le lieutenant-colonel Elkeban observait attentivement les radars.
Une navette de transport Thunderhawk, portant la plus puissante bombe et plusieurs parachutistes, les accompagnaient, ainsi que plusieurs bombardiers lourds et quelques chasseurs.

Le Space Hulk fut bombardé plusieurs fois.
Elkeban ordonna par radio : « Bien, cessez d'arroser l'épave. Les soldats sont être lâchés au nord. Bonne chance. »

Le Thunderhawk plongea vers le sol. Peu après, plusieurs hommes se jetèrent de la navette. La bombe fut parachutée également, tandis que les chasseurs mitraillaient les arbres au sud. Toute l'escadrille fit plusieurs tours autour du Bharak.

Yental surveillait toujours l'extérieur, en attente d'une réaction de l'ennemi. Celle-ci ne tarda plus.
« Des Chassa-bombas ! »
Une porte s'était ouverte au sommet du vaisseau-montagne, laissant s'échapper plusieurs dizaines d'avions orks, tels des guêpes protégeant leur nid. Elkeban hurla les ordres aux pilotes : « Il faut dégager ! Les hommes sont au sol, maintenant, on... »
La navette de commandement, restée en retrait, fut prise pour cible par plusieurs chasseurs orks. Elle glissa vers le bas pour échapper aux prédateurs. A l'intérieur, les hommes s'accrochaient à ce qu'ils pouvaient, inquiets. Yental, lui, restait impassible.

Une détonation résonna dans la coque, accompagnée d'une explosion soudaine. Des plaques de métal furent projetées à l'intérieur, et de l'air fumant envahit la navette. Le vaisseau pencha vers l'avant, et chuta rapidement vers les montagnes.

Lorsque l'appareil frappa le sol, le feu s'y répandit instantanément. L'équipage fut secoué. Certains hommes s'écrasèrent le crâne contre la paroi, d'autres furent brûlés. Le commissaire Yental fut projeté violemment, et sa mémoire perdit les instants qui suivirent...


Chapitre XI – La chute des chefs

Tandis que le jeune homme courait, les bombardiers grondèrent dans le ciel, et l'immeuble fut plongé dans la poussière.

Il aurait pu la sauver...

Le commissaire Yental rêvait encore, et visualisait à nouveau cette scène, qui semblait représenter... une marche à suivre.

« Commissaire ? Allait-vous bien ? »

Yental ouvrit les yeux. Elkeban était accroupi, face à lui. Derrière, la carcasse de la navette fumait, noyée dans les arbres, et quelques hommes, blessés, étaient allongés dans l'herbe.

Yental se leva, bien que son dos le fit souffrir : « Que s'est-il passé ? »
Elkeban répondit : « Nous nous sommes écrasés. Nous sommes au sol, à un ou deux kilomètres du Space Hulk. »
Le commissaire se retourna. La haute épave du Bharak s'étendait face à lui, comme un mur menaçant. Ils étaient maintenant à pied, dans une zone envahie par les orks.


.................

Gwerig, accompagné de Témordak et d'une suite d'esclaves et de gardes du corps, marchait dans les couloirs du Space Hulk. Il inspectait les diverses installations des mékanos. Certains dirent que le Bharak pourrait bientôt voler, idée que le nouveau seigneur trouva totalement absurde.

Ils traversèrent bientôt un vaste tunnel d'aération vide, éclairé de longues lampes à halogène blanches. Un ork menaçant vint à leur rencontre : « Azug Gwerig ? »
Le chef s'arrêta. Derrière eux, d'autres guerriers lourdement armés les rattrapèrent. Gwerig ignorait ce que cela signifiait, mais les inconnus semblaient lui en vouloir tout particulièrement.
Devant, l'ork continua, tirant une lame de son dos : « Vou z'allé r'grété d'avoir tué not'boss... »

Témordak dégaina son automatik, et tira dans la figure de l'ork, qui courait vers eux. Derrière, les autres abattaient les esclaves et les gardes qui tentaient de résister. Gwerig saisit sa hache pour se battre. Il fracassa le torse d'un ex-partisan de Graknik, et trancha le bras d'un autre. Témordak se défendait avec autant de brio.

Les orks qui avaient tendu l'embuscade durent finalement fuir. Bien évidemment, Gwerig décida de les poursuivre. Témordak, lui, suivit son chef...

Yental et Elkeban étaient assis en haut d'un grand rocher de granit, rond et lisse. Ils tentaient de faire fonctionner la radio que l'un des soldats avait réussi à sauver du crash. Après une demi-heure d'essais infructueux, ils réussirent à contacter le pilote du Thunderhawk, qui avait atterri dans une clairière, à une dizaine de kilomètres.
« Ici Elkeban. Nous sommes au pied de la montagne. Venez nous récupérer dès que possible, terminé. »

En revanche, il leur était impossible d'établir une communication avec les parachutistes chargés de miner le Bharak. Vraisemblablement, leur mission avait échoué. Il ne restait plus rien à faire.

Les deux officiers descendirent du rocher. A ce moment-là, des coups de feu se firent entendre.
« Merde, ça vient du lieu du crash ! »

Ils coururent aussi vite qu'ils le pouvaient. La carcasse fumante était à deux cents mètres, dans la jungle. « Vite ! » Arrivés au milieu des arbres, ils avancèrent avec davantage de précaution. Yental était furieux : « Bon sang, pourquoi ai-je laissé mes hommes là-bas ? Pourquoi ? »

Arrivés devant la navette, il ne restait que des cadavres. Elkeban tira le commissaire, choqué, vers un buisson pour s'y camoufler. Quelqu'un approchait. De leur cachette, les officiers impériaux virent passer en courant un ork. Puis un autre.

Puis, deux autres grands orks arrivèrent à leur tour, et stoppèrent leur course devant la navette écrasée.
L'un d'eux commença : « Cé koi, ça ? Dé zom ? »
L'autre renifla un corps inerte étendu au sol, et répondit : « Oué Gwerig, lé fuyards on dû lé tué en passan ! Grr... Band'de grotz ! »

Les doigts de Yental le démangeaient. Il désirait sortir du buisson pour anéantir ces xénos. Mais ils semblaient bien trop féroces pour être provoqués au corps à corps. La plus massive des deux créatures vertes grogna, et s'approcha du buisson où les officiers étaient cachés. Elkeban souffla : « Merde, ils nous a repéré. Filons ! » Aussitôt, Yental et lui s'échappèrent à toute allure. Gwerig hurla : « Témordak ! Y'a dé zom, là ! »

Yental et Elkeban sortirent des arbres et coururent jusqu'à un ravin, au fond duquel s'écoulait un cours d'eau. Il était trop vif et trop profond pour être traversé. « Merde... Qu'est-ce qu'on fait ? » Yental marcha le long du torrent, cherchant un passage. Se retournant, il vit le grand ork approcher de son camarade.

« Elkeban ! »

Le lieutenant-colonel dégaina son épée. Mais, reculant d'un pas, il trébucha, et tomba en arrière, vers le ravin. Par chance, il put s'accrocher au bord. Mais déjà, Gwerig avançait vers lui, brandissant son imposante hache électrique.
Yental, paralysé, ne sut que faire. Cette scène, il l'avait déjà vécue. Elle revenait à lui après des années, signe d'un éternel recommencement. Son combat contre les orks avait toujours été vain, car les souvenirs qu'il avait voulu effacer revenaient d'eux-mêmes.

Il devait le sauver.

Malgré la fin irrémédiable qui s'annonçait à lui, Yental trouva le courage d'intervenir. Alors que l'ork allait frapper Elkeban, il courut le long du ravin. Et, plongeant vers le sol, se fit obstacle sur la trajectoire de la hache...

C'en était fini.
Durant les derniers moments de sa vie, le commissaire Gaëlan Yental pensa au vaillant et prometteur lieutenant-colonel qu'il avait sauvé. Il songea une dernière fois à la famille qu'il n'avait pu sauver. Il allait la rejoindre.
Et la dernière image fut celle du grand ork qui ricanait au-dessus de lui.

Elkeban hurla. Il savait que le sacrifice de son ami n'avait été qu'un sursis, car déjà le chef extraterrestre le regarda avec amusement.

Gwerig souleva de nouveau sa hache.

Il la lâcha aussitôt, car une vive douleur s'empara de lui. Le maître du Bharak baissa les yeux. Une épaisse lame ensanglantée dépassait de son abdomen. Il cracha du sang, et tomba au sol.
Dans un dernier effort, il se retourna pour voir le visage de celui qui l'avait lâchement assassiné.

Témordak se tenait debout. Il ria, et dit : « Cé moi l'boss, maint'nant ! »
Gwerig était mort.

Son successeur dévisagea le lieutenant-colonel impérial, encore accroché au rebord du ravin. Il n'eut pas le temps de l'achever, car une navette Thunderhawk apparut au-dessus d'eux, dans le ciel.

Le nouveau maître du Bharak s'échappa dans la jungle, tandis que des soldats se laissaient glisser jusqu'au sol afin de remonter leur supérieur. Un sergent découvra le cadavre du commissaire, et dit à Elkeban : « Il faut partir. Nous allons rejoindre directement le cuirassé en orbite. »


Alors que Thunderhawk s'envolait vers les cieux, Témordak revint au Bharak en chef. Il annonça à tous la mort de Gwerig, et décida de lancer une grande offensive pour se venger des hommes qui, dit-il, avaient tué leur seigneur de guerre.
Il ne fallut pas longtemps pour que les mékanos activent les réacteurs du Space Hulk. Le soir même, toute la montagne trembla, et ce qui n'avait été qu'une épave se désolidarisa de son support rocheux. Les orks qui restèrent dans la vallée purent admirer le départ spectaculaire du Bharak qui, chargé de guerriers et de machines, partait vers l'espace. La Waaagh ! était lancée...

............

Dans la navette qui le menait jusqu'au cuirassé impérial Hemalion, le lieutenant-colonel Elkeban se tenait la tête entre les mains. Jamais il n'avait été témoin d'une opération si désastreuse. Les plus grands maîtres de l'Imperium le considéreraient certainement comme responsable, de même que le colonel Vondalus.


Pourtant, c'est lui qui stopperait la violente vague ork qui venait de s'amorcer. Mais cela, il l'ignorait encore...

Publié dans Histoires

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G
oui il etait cool :)
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M
Wouaw super histoire. mais ça aurait été cool si le big boss des koup d'boule aurait survécut mais bon.....<br />  <br /> Marcus ' Daf ' Rugz Big boss
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T
Plein de gens qui ont aimé le texte ?? Ah bah ça me fait plaisir. Et oui, j'écrirai la suite quand j'aurai le temps, et les idées.
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D
On attent la suite avec impatiance ;)
D
Tu vas quand même en faire une hein???<br /> <br /> Parceque je reçois plein de mail de personnes qui ont aimé le texte...
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T
Pas encore. :o
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